i3(> ESSAI SUR LE GENRE
« de métaphores , et se rapprochant davantage de la « nature , qui empêche qu'il ne s'adapte avec succès ce au genre .sérieux? » C'est bien dit. Faites seulement un pas de plus, et concluez avec moi que plus ce langage s'en rapprochera, mieux il conviendra au genre; ce qui ramené tout naturellement à préférer la prose, et c'est ce qu'a sous-entendu M. Diderot. En effet , si l'art du comédien consiste à me faire oublier le travail que l'auteur s'est donné d'écrire son ouvrage en vers , autant valoit-il qu'il ne prît pas une peine dont tout le mérite est dans la diffi- culté vaincue: genre de beauté, qui fait peut-être honneur au talent, mais qui n'intéresse jamais per- sonne en faveur du fond de l'ouvrage. Qu'on ne perde pas de vue cependant que c'est relativement au drame sérieux que je raisonne ainsi : si je traitois un drame comique, peut-être vou(!rois-je à la g.iiete du sujet joindre encore le charme de la poésie. Son coloris , moins vrai , mais plus brillant que celui de la prose, donne à l'ouvrage l'air riche et Ueuri d'un parterre. Si l'harmonie des vers ôte un peu de na- turel aux choses fortes , en revanche elle échauffe les endroits foibles, et sur-tout est très propre à embellir les détails badins d'une pièce sans intérèti Je ne sais point mauvais gré à l'homme qui me con- duit à la promenade, de me faire admirer toutes les beautés qui ornent son parc, et d'éloigner le terme de mou plaisir par l'agrément des détails et la va- riété des objets ; mais celui qui m'arrache à ma tran- quillité pour m'entrainer avec lui dans une pour- suite pénible; celui dont on enlevé la femme, la fille, l'honneur ou le bien, peut-il s'amuser en che- min.*" Nous ne marchons que pour arriver; s'il s'ar- rête en uae carrière douloureuse, s'il me laisse en- trevoir qu'il est moins pressé que moi de sortir des cruels embarras que ma compassion seule me fait
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