Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DRAMATIQUE SERIEUX. z'j-r partager, j'abandonne rinsensc, ou je fais un Lar- bare qui se joue de uia sensibilité.

Le genre sérieux n'admet donc qu'an style slui- ple, sans Heurs ui guirlandes; il doit tirer toute sa beauté du fond , de la texture , de l'intérêt et de la marche du sujet. Coiume il est aussi vrai que la na- ture même, les sentences et les pluoies du tragique, les pointes et les cocardes du comique lui sont a))- solumeut interdites; jamais de maximes, à moins qu'elles ne soient mises en action. Ses personnages doivent toujours y paroître sous un tel aspect, qu'ils aient à peine besoin de parler pour intéresser. Sa véritable éloquence est celle des situations, et le seul coloris qui lui soit permis est le langage vit, pressé , couj)é , tumultueux , et vrai des passions , si éloigné du compas de la césure, et de l'affectation de la rime, que tous les soins du poète ne peuvent empêcher d'apercevoir dans son drame s'il est en vers. Pour que le genre sérieux ait toute la vérité qu'on a droit d'exiger de lui ,• le premier objet de l'auteur doit être de me transporter si loin des cou- lisses , et de faire si bien disparoître à mes yeux tout le badinage d'acteurs, l'appareil théâtral, que leui; souvenir ne puisse pas m'atteiudre uue seule fois dans tout le cours de son drame. Or le premier effet de la conversation rimét , qui n'a qu'une vérité de convention , n'est-il pas de me ramener au théâtre, et de détruire par couséqr.ent toute l'illusion qn'on a prétendu me faire .>" C'est dans le salon de Tanderk que j'ai tont-à-fait perdu de vue Préville et Rrisard, pour ne voir que le bon Antoine et son excellent maître , et m'altenJrir véritablement avec eux. Croyei-vnus que cela me fût arrivé de même , s'ils m'eussent récité des vers.*" Non seulement j'aurois retrouvé les acteurs dans les personnages , mais, qui pis est, à chaque rime, j'aurois aperçu le poëie dans

12.

�� �