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Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/176

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i4o ESSAI SUR LE GENRE

traster ensemble (ce moyen, comme l'a très bien prouvé M. Diderot , est petit, peu \rai , et ccmvient tout an plus à la comédie gaie ) ; mais je les ai choi- sis tels, qu'ils concourussent de la manière la plus naturelle à renforcer l'intérêt principal qui porte sur Eugénie ; et , combinant ensuite le jeu de tous ces caractères avec le fond de mon roman, j'ai trou- vé, pour résultat, le iil de la conduite que chacun y devoit tenir, et presque ses discours.

J'avois dit, ce n'est pas assez que mon héroïne soit graduellement tourmentée dans cette soirée jus- qu'à l'excès de la douleur et du désespoir, je dois , pour la rendre aussi intéressante qu'elle est malheu- reuse , en faire un modèle de raison, de noblesse, de dignité, de vertu, de donccur, et de coarage. Je veux qu'elle soit seule , et ne tire sa force que d'elle- même; je vais donc tellement l'entourer, que son père, son amant, sa tante, son frère, et jusqu'aux étrangers, tout ce qui aura quelque relation avec cette victime dévouée, ne fasse pas un pas . ne dise pas un mot qui n'aggrave le malheur dont je veux l'àccabler aujourd'hui.

J'avois (Lit encore , ce n'est pas assez que la masse des incidents pesé sur cette infortunée ; poui accroî- tre le trouble et l'intérêt, je veux que la situation de tous les personnages soit continuellement en oppo- sition avec leurs désirs et le caractère (jue )e leur ai donné , et que l'événement qui les rassemble ait toujours des aspects aussi douloureux que dilférenfs pour chacun d'eux. Ainsi Eugénie, toute remplie de sa faute, voudra la diminuer en l'avouant à son pcre , elle en sera détournée par sa tante et son époux. Aussitôt qu'elle aura préféré son (ievoir à toute antre considération , des lumierer, afireuses , des incidents funestes suivront cet «■■ ea , et la met- tront , avant Lt tin du draïae , en un tel état, que l'on

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