Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/223

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LE CAPITAINE,

Le plus grand mariage d’Angleterre : la fille du comte de Winchester : un gouvernement que le roi donne au jeune lord en présent de noces. Mais c’est une chose publique et que tout Londres sait.

EUGÉNIE, à part.

Dieux ! où me cacher ?

MADAME MURER.

Je vais gager qu’il n’y a pas un mot de vrai à tout cela.

LE CAPITAINE.

Quoi ! sérieusement ? Dès que madame nie les faits , je n’ai plus rien à dire.

LE BARON.

Il est vrai, capitaine , qu’il s'en est beaucoup défendu tantôt.

LE CAPITAINE.

Mais moi qui passa ma vie avec son oncle, moi qu’on a consulté sur tout : ce sera comme il vous plaira, au reste. Ainsi donc les livrées faites, les carrosses et les diamants achetés, l’hôtel meublé, les articles signés , sont autant de chimères ?

EUGENIE, a part.

Ah, malheureuse !

LE BARON.

Mais , ma sœur, cela me paroît assez positif : qu’avez-vous à répondre ?

MADAME MURER.

Que monsieur a rêvé tout ce qu’il dit. Parce que je sais de très bonne part, moi, que le Comte a d’autres engagements.

LE CAPITAINE.

Ah ! oui. Quelque illustre infortunée dont il aura ajouté la conquète à la liste nombreuse de ses bonnes fortunes. Nous connoissons l’homme. Je me souviens effectivement d’avoir entendu dire qu’un goût pro-