Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/265

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pour lui : je sens que je l'aime malgré moi. .le sens que, si j'ai le courage de le mépriser vivant, rien ne pourra m'empècher de le pleurer mort. Je détesterai votre victoire ; vous me deviendrez odieux ; mes reproches insensés vous poursuivront partout : je vous accuserai de l'avoir enlevé au repentir.

SIR CHARLES, en colère.

L'honneur outragé s'indigne de tes discours, et méprise tes larmes. Adieu, je vole à mon devoir.

EUGENIE, égarée.

Ah, barbare ! arrêtez... Quelle horrible marque d'attachement allez-vous in'offrir. (Madame Murer la retient , sir Charles sort. )


Scène III.

EUGENIE, MADAME MURER, BETSY.

EUGÉNIE, continuant avec égarement.

Le spectacle de son épée sanglante arrachée du sein de mon époux... ! (D'un ton éfouffé. )Mon époux ! Quel nom j'ai prononcé ! Mes yeux se troublent,,, les sanglots me suffoquent... (Madame Murer et Belsj l'assejenl. )

MADAME MURER.

Modérez l'excès de votre affliction,.

EUGENIE, pleurant amèrement.

Non : l'on ne connoîtra jamais la moitié de mes tourments. L'insensé qu'il est! s'il savoit quel cœur il a déchiré !

MADAME MURER, pleurant aussi.

Consolez-vous, ma chère fille : l'horrible histoire sera ensevelie dans un profond secret. Espérez, mon enfant.

EUGÉNIE, hors d'elle-même.

Non, je n'espérerai plus : je suis lasse de courir