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ACTE II, SCENE X. 41

MÉLAC PERE, à part.

Comment faire maintenant pour partir ?

AURELLY.

Moi, par exemple, je me cite, parcequ’il en est question, je fais battre journellement deux cents métiers dans Lyon. Le triple de bras est nécessaire anx apprêts de mes soies. Mes plantations de mûriers , et mes vers en occupent autant. Mes envois se détaillent chez tous les nianhands du royaume ; tout cela vit , tout cela gagne et l’industrie portant le prix des matières au centuple, il n’y a pas une de ces créatures, à commencer par moi, qui ne rende gaiement à l’Etat un tribut proportionné au gain que son émulation lui procure.

SAINT-ALBAN.

Jamais il ne perdra cette belle chaleur.

AURELLY.

Et tout l’or que la guerre disperse, messieuis, qui le fait rentrer à la paix? Qui osera dispute: au commerce l’honneur de rendre à l’Etat épuisé le nerf et les richesses qu’il n’a plus? Tous les citoyens sentent l’importance de cette tâche : le négociant seul la remplit. Au moment que le guerrier se repose , le négociant a le bonheur d’être à son tour l’homme de la patrie.

SAINT-ALBAN.

Vous avez raison.

AURELLY.

Mais laissons cette conversation, monsieur : qui vous ramene sitôt en cette ville ?

SAINT-ALBAN.

Probablement le même objet qui faisoit partir monsieur de Mélac. Ma compagnie me rappelle; elle me charge... Vous permettez que nous traitions devant vous...