Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/660

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M. de la Hogue en France, et l’empêcher d’aller en Hollande exécuter la mission que les ministres précédents et trois comités réunis lui avaient donnée, conjointement avec moi, d’aller m’exproprier des fusils à Tervère, et de les livrer pour la nation à M. de Maulde, notre ministre à (a Hayi. et maréchal de camp, instruit, selon le vœu du huitième article, — du traite du 18 juillet fi 92.

Je déclare que ces ministres ont supposé un ordre de l’Assemblée nationale, lequel n’a jamais existé ; que, sur cet ordre supposé, ils ont retenu en France M. la Hogue, mon agent.

Je déclare que le ministre Lebrun, répondant le h ; septembre aux députés des comités militaire et des armes, que l’Assemblée lui envoyait pour le presser de me remettre le cautionnement obligé et les fonds nécessaires à la libération des fusils, leur a soh m,. H, m. ut promis que, sous vingt-quatre heures, il me remettrait tout ce qu’il fallait pour aller libérer et livrer à la nation ces armes à Tervère, et me donnerait le cautionnement promis et les fonds stipulés dans l’acte du 18 juillet ; que, d’accord ensuite avec les autres ministres, il m’a déclaré que h conseil exécutif me refusait argent et cautionnement : me promettant, pour m’engager à partir, que lui Lebrun y suppléerait des fonds de son département.

Je déclare qu’en vertu de ces menées et de ces refus, je pars sans aucuns moyens pécuniaires, et presque sans espoir de m’en procurer chez l’étranger, mon arrestation à Paris et mon emprisonnement à [’Abbaye ayant altéré mon crédit tant en ce pays-ci qu’ailleurs.

Je déclare que je proteste de tout mon pouvoir contre la trahison du ministère actuel, que je le rends responsable envers la nation de tout le mal qu’elle peut entraîner, et qu’en ceci je ne fais qu’exécuter ce dont je les ai sévèrement prévenus dans une lettre, en terme de mémoire, remise à M. Lebrun le lu août, cette année, où je lui dis sans ménagement ces mots : — Après vous avoir expliqué ce qu’un nouveau ministre peut ne pas deviner, si le ministère va en avant en i ont] ei arranl ces données, je suis forcé de déclarer, monsieur, qu’ici ma responsabilité [uni ; ’in. j’endè} h fardeau sv h le pouvoir exécutif, que j’ai l’honneur d’en prévenir. « … J’.n été dix fois accusé : n’est-il pas temps m’jU’iifi’.’… Les ministres ne doivent rien ordonner sans être d’accord avec moi ; ou bien répondre seuls de tout l’événement. la — PATRIE, DONT LES INTÉRÊTS SONT BLESSÉS. » .li’déclare, en outre, que j’entends me pourvoir ri justice contre ledit ministère, dans la personne de M. Lebrun, pour tous les dommages que lier odieuse conduite peut faire souffrir à mes affaires ou a ma personne. En loi de quoi j’ai dépoa cetU protestation chez M— Uufouleur, notaire, sous mon cachet, pour êtn ouverte, el puni’que tout usage en suit lait en temps el lieu. ? i le cas y échet. Paris, le 1 1 septembre 1792.

■ Si’iuc Caron Beaumarchais.

..a sixième et dernière époque de mes travaux, de mes souffrances, contenant mon voyage en Hollande et mon passage à Londres, ou j’écris ce très-long mémoire, sous le double lien d’un décret d’accusation en France el d’un emprisonnement pour dette eu Angleterre, a l’occasion de ces fusils | le liait grâce aux boutes de noire sage ministère ! ) ; cette sixième époque, dis-je, —’Ta expédiée pour Vuiii dans quatre jours : el. sitôt que j’aurai l’avis qu’elle est donnée a l’impression, ma justification ne pouvant plus être étouffée, ; sacrifices boul laits pour mon acquittement à Londres : j’en pars, et vais me mettre en | Paris. Si j’y suis égorgé, convention nationale ! faites justice a mou enfant : qu’au moin— elle glane, après moi, où elle devait moissonner ! SIXIEME ET DERMEliE EPOQUE

Législateurs, et vous, ô citoyens ! que l’amour seul de la justice rend assez courageux pour suivre pied à pied ces horribles détails, votre indignation généreuse s’est mêlée à la mienne, en voyant l’astuce perfide avec laquelle le ministère a su m’éloitiinr de Paris, où ma présence embarrassait le plan qu’on formai ! de me perdre ! Encore un moment, citoyens, vous l’allez voir poser le masque ; mais permettez auparavant que je vous mette au l’ait de mes démarches en Hollande auprès de notre ambassadeur. Je m’en allais perplexe et désolé : désol de penser que tout cela n’était qu’un piège ; qu’on me laissait partir sans cautionnement et sansfonds, pour que je ne pusse rien l’aire ; perplexe, hélas ! sur un seul point, qui était de bien deviner pour l’intérêt de quel ministre se faisaient toutes ees manœuvres I

.le connaissais déjà les agents dont ou se — pvail La conduite des chefs était tout aussi claire, mais ils semblaient agir en masse ! Etaient-ils tous daus le secret, ou l’un d’eux trompait-il les autres ? En cheminant, je me disais : Il est prouvé pour moi qu’on veut me mettre au point de quitter la partie, eu cédant les soixante mille, ar — ■< ceux qui doivent ensuite, de concert arec eux, les revendre a la France au prix qu’ils voudront, et sans dire a person pie rV-t ma cargaison. Mai— i.i brun ! mai-, i.i lu-mi ! en est-il, ou n’en est-il pas ? Sa conduite esl inexplicable. J’avais l’ait une observation : c’est que dans tout