Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/748

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vont de vos ports en Amérique ; si vous faites plus, si vous permettez même aux Anglais d’être les précepteurs des négociants qu’ils prendront en faute à cet égard, il ne me convient point d’entrer dans les motifs de cette condescendance inimitable : mais le riz, le tabac et l’indigo ne sont point des munitions ni des armes. Par quelle étrange subversion de principes ose-t-on vous forcer de les confondre en une même prohibition avec elles ? Et comment votre état de puissance libre et neutre, le besoin que vous avez de ces denrées, et le droit reconnu de les acheter partout où vous les trouvez à vendre, ne sont-ils pas l’unique réponse à toutes les objections de l’Angleterre contre les armements de vos négociants ? Je n’ose, en vérité, répéter ici tout ce qu’on débite à ce sujet à Londres ; ce qu’on y dit des prétendues dernières négociations de l’honnête Parkerforth en France, et ce qu’il en publie lui-même. Il faudrait rougir seulement d’y penser, si tout cela était vrai. Mais ces vains discours n’en existent pas moins ; et leur misérable succès de Ticondérago, qu’ils font sonner bien haut, les a tellement rendus insolents, qu’ils dédaignent aujourd’hui de mettre aucun mystère à leurs menaces, à leur mépris pour nous. Le moindre pas, disent-ils, que les Français feront vers les Américains, nous saurons bien les en punir par une guerre subite ; mais ils n’oseront plus s’y jouer, ajoutent-ils, car nous le leur avons bel et bien fait signifier. Voilà ce qu’on m’écrit de Londres ; aussi je me mange les bras quand on me parle de désarmer un vaisseau marchand qui n’a nulle munition de guerre, aucun rapport avec la politique, uniquement parce que les Anglais présument qu’il pourra bien aller chercher du tabac en Amérique. Ô France ! où est ta dignité ?

Que conclure de tout cela, monsieur ? Que le roi de France a le droit incontestable, en qualité de puissance neutre, de commercer librement d’Amérique en France et de France en Amérique ; que recevoir les Américains dans nos ports, en renonçant au droit d’aller dans les leurs, serait tomber dans une contradiction puérile et ruineuse ; que si le roi se relâchait du droit d’acheter en Amérique, il courrait bientôt le risque de perdre sa meilleure ferme par une condescendance pour les Anglais d’autant plus blâmable qu'ils ne lui en sauront jamais nul gré ; que, pour éviter toute agitation future à l’égard de mon vaisseau marchand, ses armateurs connus se soumettront à rentrer dans six mois en France avec des retours dûment expédiés du cap Français ; qu’enfin je serais ruiné de fond en comble si, malgré mes raisons, on forçait le désarmement de ce vaisseau, lequel n’a jamais été destiné pour les Américains, quoi qu’en ait pensé l’ambassadeur anglais. Je n’ai plus rien à dire ; car je sais bien que le roi reste maître de tout, même de me réduire au désespoir


aussi élémentaire, aussi fortement posé, aussi bien prouvé qu’il me le semble, et si malheureusement on n’aperçoit pas la connexion immédiate el —ee n le entre ce navire et les plus grand— eeneineiiis dont la politique actuelle pui--e être occupée.

Je suis, avec

plus profond respect,

Votre, clc.

iir,

que j’ai piaille

il il

■ n

LETTRE XVII.

À M. PAULZE.

Paris, le 17 janvier 1779.

Une foule de lettres, monsieur, que j’ai reçues de différents ports de l’Océan, m’engagent à faire encore une démarche auprès de vous : à répondre à votre dernière, qui n’exigeait point d’autre importunité de ma part. Mais les armateurs français, qui me font la justice et l’honneur de me regarder c e mille leurs plus zélés défenseurs auprès des ministres, s’adressent tous à moi pour savoir s’ils doivent abandonner absolument le commerce de l’Amérique, ou si l’on peut espérer que la ferme générale, seul acheteur des tabacs pour le royaume, cessera d’opposer à ce que vous nommez dans votre lettre la ruse mercantile ce qu’ils appellent, eux, la ruse fiscale, et qui ne devrait exister de part ni d’autre en ce moment.

De toutes ces ruses, la plus étrange et la plus funeste sans doute est celle par laquelle les fermiers généraux achèteraient sourdement les tabacs que les Anglais nous enlèvent sur mer. J’eus l’honneur de vous mander qu’on me l’avait écrit de Londres. Vous m’avez répondu que c’était un faux avis, que ce marche n’existait pas ; qu’il était même impossible, puisque les Anglais n’avaient pas chez eux de quoi suffire à leur consommation. À la rigueur cela se peut ; mais, au témoignage d’un Anglais, rejeté par M. Paulze, je pouvais en ajouter un que M. Paulze n’eût pas récusé : c’est une Ici Ire de la main de M. l’a ni /.e lui-même, écrite à l’un des préposés de la ferme pour les achats du tabac ; et celle lettre, je l’ai vue à Bordeaux, el j’y ai lu en substance : Ne payez pas les tabacs plus de quatre-vingts livres, parce que j’en attends quatre mille bov.eau.ts d’Angleterre, venantde 2V< w-Yorh avec h premier convoi, et qui les Anglais m’en font offrir ou espérer) dix mille boucauts d’ici à un an, à meilleur prix que les Français ne les peuvent donner. D’un pareil fait à la possibilité du contrat, mois savez, monsieur, si la conséquence est bonne ou vicieuse.

Quoi qu’il en

avec l’ennemi d

le nie d’un côte

séquence est la même p

certitude en pareil cas

plus. Si le contrat existe

puissent pas soutenir la

oit, et qui

l’État existe

en l’an non

ce contrat de la ferme

ou n’existe pas, qu’on

çant de l’autre, la cou le commerce ; cl 1 in est qu’un malheur de

1 que les Français ne

neurrence anglaise, ils