Ne craignez rien, charmante Zirzabelle, et permettez que mes gens fassent le coquecigrue z’autour de nous pendant que je vous en conterai.
Mais combien sont-ils donc à faire le guet ?
Soyez tranquille : ils sont un.
Qu’ils veillent donc tous ensemble exactement.
Est-ce que je voudrais vous exposer ? croyez que je suis aussi sûr d’eux que de moi, c’est z’Arlequin.
Mais qu’eux ressources avons-nous donc ?
Qu’eux ressources ? ne nous reste-t-il pas l’enlèvement, la fuite, le rapt, l’adultère, la désolation, la tribulation, etc., etc., sans le reste.
Ah ! mon cher z’amant, ce sont des petites niches que je serais t’au désespoir de vous faire ; cependant, monsieur Jean Bête, en votre absence les siècles me paraissent des jours, et si de colère je fais mes quatre repas, en revanche ma douleur est cause que je ne peux pas fermer l’œil de la journée.
Et moi qui ne saurais boire ni manger les trois quarts de la nuit. J’aurai l’honneur de vous faire t’enlever par mon valet z’Arlequin, et pourvu que vous ne vous effrayiez pas du bruit…
M’effrayer du bruit, cher z’amant ! ma mère m’a toujours dit que j’étais fille légitime du régiment Royal-Canon z’et que monsieur le bonhomme Cassandre n’était que mon père z’apocryphe, autrement dit, mon bâtard : jugez.
Doucement, doucement, monsieur mon maître, que chacun file sa corde, s’il vous plaît !
Pourquoi donc prends-je un valet, maraud ? est-ce pour me servir moi-même ? j’ai t’une maîtresse à z’enlever, je veux que tu me l’enlèves.
Pour quinze francs de gages par an, il faut que tout le gros ouvrage de la maison me tombe sur le corps.
Je te remettrai z’en ours.
Êtes-vous ben lourde, mamzelle ?
À peu près comme deux personnes, pas tout à fait encore.
Allons, venez ça moi, j’ai de la z’humanité.
Eh ben donc, ben donc ! z’insolent ! est-ce qu’on z’enlève une demoiselle de condition cul par dessus tête, les quatre pattes en l’air comme un chat retourné ?
Sauve qui peut, voilà le vieux vilain !
Ah ! j’entends Gilles qui jure, et mon père qui raquillonne.
Tâche de les dissuader du chemin, z’Arlequin ! que j’aie le temps de me sauver et d’employer un autre tartagène…
Tirez, la belle ; détalez, le galant, v’là justement z’une assiette cassée dans ce coin-là : je vas me déguiser en raccommodeux de faïence, et m’amuser à leurs dépens.
Scène VI
Où est-il ? où est-il ? s’t’infernal marchand d’opiat ?
Et son diable d’ours ?
Je veux t’être emmuselé comme un forçat !
J’veux t’être vuidé comme un poulet, si…
J’l’y avais promis,
Afin qu’al me prise.
Oui, je veux t’être emmuselé comme un forçat…
Oui, je veux t’être vuidé comme un poulet…
D’la mettre à Paris,
Z’ouvrière en chemise. — Bon.
Quel diable de tableau z’a la silhouette est venu s’établir là, devant not’ porte ? Il ressemble à ce possédé d’ours comme deux gouttes d’eau, monsieur Cassandre, venez donc voir !