Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/824

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dans un profond sommeil, ne m’ont point z’enfermée t’à l’ordinaire. Vous voirez qu’ils t’ont z’oublié ou qu’ils n’ont jamais su que fille z’à mon âge z’a toujours

(Elle chante ce vers.)

Hélas ! t’a propos de cela, feu ma ch’mère disait z’avec grande raison qu’une fille, t’avant d’être pourvue par mariage, z’était z’exposée à avaler bien des couleuves. Pauvre z’Isabelle ! t’il me paraît que l’amour ne te promet pas toujours poires molles. En effet, je ne sais ce qu’il me garde encore ; mais ce maudit z’enfant sé si tellement z’à loquer z’à ma porte et le fait z’avec tant d’opiniâtreté z’en faveur du beau Liandre, notre voisin que je n’ai pu z’à la fin l’empêcher d’entrer.

t Non, je ne me comprends pas moi-même : car z enfin, t’après m’avoir vu z’attraper quatre fois i dlx — se P E ans.— j’ai, par ces vi]ains, , , , , , „’.. comment puis-je fau jour d’aujourd’hui m’exposer de nouveau t’au risque d’une cinquième aven-Nlv ; IJ|’Pourquoi me plonger d’avance dans l affliction d’une tristesse douteuse el incertaine’ Kesistons tant que nous pourrons, t’a la lionne heure ! mais, quand nous sommes f aussi z’une fois 1 obligés de céder z’à ia force, faisons-le de bonne grâce, oui ; et c’est, je crois, ce dernier parti qu’il me faut prendre. Z’au bout du compte, qu’ai-je à me reprocher ? Ce cher Liandre.d’un côté, larabus ’: nl terriblement ma vertu depuis quelques jours ten ça ; et, de l’autre, monsieur Gassandre mon Père, dont Dieu veuille avoir l’âme s’il venait z’à dégeler, me tenait z’et me tient encore dan* la contrainte d’une gêne si gênante, surtout depuis a mort de ma ch’mère, qu’il neveut pas tant seulement laisser entrer chez nous un homme : tellement .pie je serais réduite a n’en point voir si des que lui z’el Gilles sont z’endormis, je n’avais -indo me saisir des clefs et de me rendre z’ici toutes les nuits pour m’entrelenir z’un brin z’avec mon cher Liandre.

Ma >s le voici, , „., /, , propos, et’z’on a bien raison de dire que quand on parle du loup l’on en voit ’a queue

SCÈNE II

ISABELLE, LÉANDRE, ARLEQUIN.

ARLEQUIN.

Malcpeste, monsieur ! con v— jeunes Biles matineuses quand l’amour leur trotte dans la tete ! A I « ’ » 1 " z’est-il sept heure-, et voilà do, , T LIEUES, SCÈNE lit.

mam’zelle z’Isabelle faux champs, elle oui —ni vant le droit de bourgeoisie, n’a’coutume, , , "f lover qu’a onze.

LÉANDRE.

Laisse-nous l’ensemble z’et fais le guet pendant Cé temps, t a crainte de surprise. ARLEQUIN.

Ah ! rapportez-vous-en z’à moi:vous savez bien monsieur, que ce n’est pas la première fois qu’Arlequin z a eu l’honneur d’exercer l’office de portemanteau.

SCÈXE III

ISAliLLLE, LÉANDRE.

LEANDRE.

J’ai z’été z’averti, ma toute belle, par mon valet /Arlequin. M, , o votre vieux bourru de père z’était zalle ta l’an— suivi de Gilles ; et, comme la tendr le mon amour s’est lait z’une loi do saisir tavec von— toute— les occasions faux cheveux ie P’-ofitez avec la satisfaction du plus grand plaisir dc cette favorable absence pour vous entretenir un moment de la vive flamme du feu de ma brillante ardeur.

ISABELLE.

Ah ! cherz’amant, jenesaislà où qu’vous allez pécher tout ce que vous me dite.— ; mais vous avez do— manières d’expressions qui s’expriment z’autrement que tout le monde.

LÉANDRE.

C’est que vos veux, ma divine, ne sont pas faits comme les ceux des autres ; et, suivant lel’art militaire que j’ai si Ion-temps fétudié z’en qualité de milicien, selon la place on dresse les batteries. I— LBELLE.

Que cela z’esl galant !

LÉANDRE.

Ile parbleu ! comme dit l’autre, suivant les gens l’encens, et Userait ridicule de faire les préparais du l’ort-Malioii pour a-Me.-er lîirètre. Savez-vous bien que j’aimerais quasi presque autant me voir z’englouti dans la profondeur de l’abîme du plu-, affreux gabbanum, que de vivre dans la contrainte z’où votre benêt de père vous lient ? ISABELLE.

Il est véritablement vrai de dire que le sort, 1e ma destinée l’estben z’à plaindre; maisz’où la bête, cherz’amant.z’esl at(acbee, z’il faut qu’elle broute.’ Z et que taire ?

LÉANDRE.

Comment ! que faire ? Ce que font tous les autres t’en pareil cas. lYt ce que je vous ai déjà proposé tanl de lui-, parbleu, mam’zelle ! puisque monsieur Cassandre no veutpoint consentir à l’hyménée de notre mariage, laissez-vous l’enlever. ISABELLE.

M’laisseï enlever ! Ah ! cher z’amant, je sais