Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/862

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ligne moins un tiers de hauteur entre les platines. Pour rendre cette bague plus commode, j’ai imaginé en place de clef un cercle autour du cadran, portant un petit crochet saillant ; en tirant ce crochet avec l’ongle, environ les deux tiers du tour du cadran, la bague esl remontée, et elle va trente heures. Avant que de la porter à madame de Pompadour, j’ai vu cette bague suivre exactemenl pendanl cinq jours nu itre à sec les : ainsi, en se servant de mou échappement etde ma construction on peul donc faire d’excellentes montres aussi plates et aussi petites qu’on le’jutera a propos.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Cakon fils, horloger du roi.

Hue Saint-Denis, près celle île la Chanvrerie. A Paris, le 16 juin 11 i3.

LETTRE DE BEAUMARCHAIS AU DUC

D’AREMBERG’.

Mon cher duc, je suis allé chez Lauraguais, comme je vous l’avais promis. Aussitôt qu’il m’a vu entrer, il s’est levé, et sans me donner le temps de lui faire connaître la nature de mon affaire, il s’est écrié : « Arrive que pourra, les dettes d'honneur comme les dettes honteuses auront toutes le même destin. » J’ai prononcé votre nom. « D’Aremberg, a repris cet extravagant, a toujours été très-obligeant pour moi, mais il doit partager le sort des autres créanciers, et il n’aura pour sa part, hélas ! qu’un bien petit dividende. Vous avez sans doute entendu parler de ma banqueroute ; mon homme d’affaires me dit qu’elle s’élève à plus de cinq millions, et que lorsque nies affaires auront été arrangées, ce qui a son avis ne pourra pas avoir lieu avant deux ans, mes créanciers | rl’out recevoir 2 1/2 0/0 sur le montant de leurs créances.

t..te dois a d’Aremberg 40,000 livres : il possède de grauds biens en Allemagi t en Flandre : on m’a dit que’son grand-veneur n’esl pas en état de remplir ses fonctions. Si le duc consent a accepter ne 1 — services, je prendrai la place de son grandveneur, et je ne pense pas qu’il se trouve en Europe beaucoup d’hommes qui se connaissent aussi bien que moi en chevaux, en chiens et en tout ce qui — ! • rapporte a la chasse. Nuit mille livres seront mon traitement annuel, et nous serons i. Lettre bizarre, donl.m ne connaît m la date, ni même le teste original. Elle a p ; l’ai I en anglais, dans un recueil de Londres, the Monlhly Magazine, mai 1832, p. 502. Ceci n’en est <|ue la traduct, aussi exacte et aussi mouvementée que possible, d’après l’ail infime de l’esprit a.’Beaumarchais. Elle est très-curieuse pour ce qui s’y trouve sur les étrangetés de conduite et les folies (lu duc iv Lauraguais, longtemps i le Beaumarchais — un a vu, dans l’Introduction, qu’ils tirent ensemble I voyage de Londres pour acheter le libelle de Morande — puis, vers la lin, son plus m irtel ennemi quand Beaumarchais lui eut définitivement fermé sa l s,. Ed. F.

quitic— ni cinq an-. Parlez-lui île ce projet : il ne peut être que flatté’h’ma proposition, ■> Je ne pus m’empècher de sourire. « Ah ! ah ! continua-t-il, est ce que voit— au rie/, de— doutes sur mes talents ? je puis vous assurer qu’il existe des milliers de personnes qui m’ont visité a Manicamp, et qui tonte— témoigneront de ma rare habileté dans les matières de celle nature. Gn 5, jockeys, chevaux, enfin tout ce qui était en ma possession, me venait d’Angleterre, et mon ami Dorset n’eut jamais de chevaux plus beaux que les miens. Le dernier cheval dont je fis emplette nie coûta mil le gllinées, ci jamais cheval de race ne se vendit plus cher, mais j’eus la fantaisie de taire porter sur le reçu neuf cent quatre-vingt-dix-neuf guinées et vingt schillings, déterminé que j’étais à éviter le nombre 1,000.

ii Maintenant le seul trésor qui me reste est ceci et il montrait une bague qu’il portail au doigt) ; c’est un Irésor dont aucune puissance ter restre ne p’ourrail venir à bout de me séparer ; C’est lui qui me donne la force de surmonter mes malheurs ; c’est ma seule consolation !  ! trésor, monsieur, c’est ma femme, ma femme adorée. » Je crus qu’il devenait lou, et mon visage exprima sans doute l’émotion que j’éprouvais. « Non, monsieur, reprit-il, je n’ai point perdu la raison ; cette bague, "n plutôt une partie de cette bague, fut uni.’jolie et aimable femme ; elle me rendit, pendant qu’elle vécut, le plus heureux des hommes, et quand son âme s’envola dans les régions du ciel, je ne voulus pas que tant de grâce et de beauté devint la proie des vers. J’eus recours à Vanderberg, le chimiste, qui, ayant placé le corps de ma femme dans une feuille d’abseste, le livra aux flammes, et à l’aide d’une chaleur extraordinaire le tvdui-ita une petite quantité de poudre, qui ensuite, au moyen d’une certaine composition chimique, fut changée en une substance bleue vitrifiée. La voilà, monsieur, montée dans un anneau d’or ; c’est la plus Une essence de mon adorable femme. ■ ■ En ce moment, le domestique annonça quelqu’un. Je pris mou chapeau, et souhaitai le bonjour à Lauraguais.

A M. ROUDIL’.

Dans un bateau sur le Danube, auprès de Ratisbonno le 13 août 1"4.

Avant d’entrer en matière avec moi, mon ami. je dois vous prévenir qu’étant dans un bateau sur

Cette I i la —ne., nie sont i mues, mais mm telles nu ell. paraissent

ici. Nous tes. vous copiées sur l’autographe mi le Beaumarchais, aux manuscrits a, — la Comédie, avec une foule de fanantes qui en renouvellent presque entière 1 le texte. Gudin. qui les a publiées le premier dans son édition, ne nous avail même pas dit a qui la première étail adressée. Reste à savoir quel était ce

Id. a i]iu Beaumarchais en nui si long. — fin verra que ees

deux lettres sont le récit de cette é ■ mystification de son assassinat, que s avons tâché d’éclaircir dans notre Introduction. Ed. F.