Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/210

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d’amitié à un des seigneurs de sa cour, il lui a donné deux commissions, et a dit qu’il le croyait un fort honnête homme. Dès ce moment, j’ai bien vu que j’étais perdu, et j’ai passé plusieurs nuits sans dormir. Mais, dit le pêcheur, en interrompant son hôte, est-ce que le roi vous faisait mauvais visage, et ne vous aimait plus ? Pardonnez-moi, répondit cet homme, le roi me faisait plus d’amitié qu’à l’ordinaire ; mais pensez donc qu’il ne m’aimait plus tout seul, et que tout le monde disait que ce seigneur allait devenir un second favori. Vous sentez bien que cela est insupportable, aussi ai-je manqué mourir de chagrin. Je me retirai hier au soir dans ma chambre, tout triste ; et, quand je fus seul, je me mis à pleurer. Tout d’un coup, je vis un grand homme, d’une physionomie fort agréable, qui me dit : Azaël, j’ai pitié de ta misère, veux-tu devenir tranquille, renonce à l’amour des richesses et au désir des honneurs ? Hélas ! seigneur, ai-je dit à cet