Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(207)

homme, je le souhaiterais de tout mon cœur ; mais comment y réussir ? Quitte la cour, m’a-t-il dit, et marche pendant deux jours par le premier chemin qui s’offrira à ta vue : la folie d’un homme te prépare un spectacle capable de te guérir pour jamais de l’ambition. Quand tu auras marché pendant deux jours, reviens sur tes pas, et crois fermement qu’il ne tiendra qu’à toi de vivre gai et tranquille. J’ai déjà marché un jour entier pour obéir à cet homme, et je marcherai encore demain ; mais j’ai bien de la peine à espérer le repos qu’il m’a promis.

Le pêcheur ayant écouté cette histoire, ne pût s’empêcher d’admirer la folie de cet ambitieux, qui faisait dépendre son bonheur des regards et des paroles du prince. Je serai charmé de vous revoir, et d’apprendre votre guérison, dit-il au voyageur : achevez votre voyage, et dans deux jours revenez dans ma cabane ; je vais voyager aussi ; je n’ai jamais été à la ville, et je m’imagine que je