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cupées que de cela, même pendant le tems de leurs leçons ; ensorte que leurs maîtres commencèrent à les ennuyer. Elles trouvèrent mille prétextes pour ne plus apprendre ; tantôt il fallait célébrer le jour de leur naissance ; une autrefois, elles étaient priées à un bal, à une assemblée, et il fallait passer le jour à se coiffer ; ensorte qu’on écrivait souvent des cartes aux maîtres, pour les prier de ne point venir. D’un autre côté, les maîtres qui voyaient que les deux petites filles ne s’appliquaient plus, ne se souciaient pas beaucoup de leur donner des leçons ; car dans ce pays, les maîtres ne donnaient pas leçon seulement pour gagner de l’argent, mais pour avoir le plaisir de voir avancer leurs écolières. Ils n’y allaient donc guère souvent, et les jeunes filles en étaient bien aises. Elles vécurent ainsi jusqu’à quinze ans, et, à cet âge, Belote était devenue si belle, qu’elle faisait l’admiration de tous ceux qui la voyaient. Quand la mère menait ses filles