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en campagne, tous les cavaliers faisaient la cour à Belote ; l’un louait sa bouche, l’autre, ses yeux, sa main, sa taille, et, pendant qu’on lui donnait toutes ces louanges, on ne pensait seulement pas que sa sœur fût au monde. Laidronette mourait de dépit d’être laide, et bientôt elle prit un grand dégoût pour le monde et les compagnies, où tous les honneurs et les préférences étaient pour sa sœur. Elle commença donc à souhaiter de ne plus sortir ; et un jour qu’elles étaient priées à une assemblée, qui devait finir par un bal, elle dit à sa mère, qu’elle avait mal à la tête, et qu’elle souhaitait de rester à la maison. Elle s’y ennuya d’abord à mourir, et, pour passer le tems, elle fut à la bibliothèque de sa mère, pour chercher un roman, et fut bien fâchée de ce que sa sœur en avait emporté la clé. Son père aussi avait une bibliothèque ; mais c’était des livres sérieux, et elle les haïssait beaucoup. Elle fut pourtant forcée d’en prendre un : c’était un recueil de lettres, et, en