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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/135

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Laure, qui eut la même pensée, demanda au domestique, avec une voix entrecoupée de sanglots, s’il n’y avait aucune espérance de sauver Armire. Notre malheur est consommé, répondit cet homme ; j’ai pris la poste au moment où elle est expirée : d’ailleurs sa mort a été occasionnée par une chute qui n’a pas laissé le plus léger espoir ; elle n’y a survécu que six heures qu’elle a employées à recevoir les sacremens, à vous faire écrire par son confesseur, et à consoler son époux. Le reste de la nuit se passa dans les larmes. Laure n’était capable d’aucun sentiment étranger à celui de sa douleur. La marquise fut forcée de l’en distraire, pour lui demander quelle conduite elle devait tenir avec Dorval. Comme Laure ne faisait pas même la plus légère attention à ce qu’elle lui disait, le marquis lui dit que la perte qu’elle venait de faire, étant une raison légitime de différer le mariage, on aurait le tems de délibérer sur ce sujet. Il était jour, et Lame ne pensait pas à se cou-