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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/141

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néreux effort sur lui-même, et dit à la marquise en soupirant : pardonnez, madame, au plus malheureux de tous les hommes, des mouvemens dont il rougit lui-même, et dont il triomphe. Non, je ne serai point barbare, je ne mettrai point d’obstacle au bonheur de Laure ; courez le lui annoncer, et rapportez-moi, en échange du sacrifice que je lui fais, l’assurance de son amitié, de son estime, ou plutôt hâtez-vous de la ramener dans un lieu d’où je l’ai bannie : je ne m’exposerai à ses yeux qu’au moment où, absolument maître de moi-même, je pourrai ne lui montrer que des sentimens si dignes d’elle. Dorval sortit en prononçant ces paroles, et la marquise s’étant rendue au couvent de Laure, la força d’en sortir sur-le-champ. Cependant, le marquis avait trouvé Alindor plongé dans une affliction dont rien ne pouvait le distraire. Ces cœurs froids, qui n’ont jamais senti les charmes de l’amitié et de la reconnaissance, croiront sans doute qu’il jouait