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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/182

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lui dis-je, Dieu me suffit. Quel est ce langage, me dit ma mère, en croisant les bras ? Où avez-vous pris cette imposante chimère ? Dieu (supposé qu’il y en ait un), viendra-t-il sur la terre pour vous empêcher de mourir de faim ? Car, ajouta-t-elle, il faut vous ouvrir les yeux sur notre situation. Nous ne possédons aucun bien, me dit-elle ; il ne me reste plus d’argent ; choisissez, ou d’aller demander l’aumône, ou de répondre par votre complaisance aux bontés de la personne dont je vous ai parlé, et qui d’ailleurs est fort aimable. Alors elle étala à mes yeux le séduisant des plaisirs que procure l’aisance, la considération qu’attirent les richesses, l’avantage d’exciter l’envie des autres femmes par une parure distinguée, et finit par me décrire les horreurs de la pauvreté qui, dans la vieillesse, accable celles qui ont été assez imbécilles pour négliger de profiter de leur jeunesse pour s’enrichir.

Ou je suis née avec beaucoup de modé-