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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/183

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ration ; ou, ce qui est plus probable, Dieu me fortifia en ce moment par une grâce particulière. Ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne fus ni tentée des avantages qu’on m’offrait, ni effrayée des malheurs qu’on s’efforçait dé me faire craindre, et je répondis courageusement à ma mère, que la vertu était préférable à tous les biens qu’elle me faisait espérer ; que le vice et la honte qui le suit, me paraissaient plus terribles que la nécessité de demander l’aumône, ou de mourir sur un fumier, comme elle m’en avait menacée. Ah ! s’écria-t-elle, je suis trahie, je suis perdue ; et, se jetant sur moi avec une espèce de rage, elle me battit cruellement. Peu faite a de telles violences, la frayeur m’ôta l’usage de mes sens, et réveilla, dans ma mère, dirai-je les sentimens naturels ? non ; elle ne les connut jamais, et ne fut effrayée que dans la crainte de perdre le profit qu’elle attendait de ma séduction. Elle me prodigua ses secours, et ensuite ses caresses. J’essuyai, pendant