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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/190

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un pendant le souper, et, ayant répandu la moitié d’un plat sur la robe de ma mère, elle en fut bien querellée, répondit, et se fit mettre dehors. Elle avait eu l’adresse de tirer le ver du nez au valet du chevalier, et avait su de lui où il demeurait. Elle se rendit chez lui au sortir de chez nous, et, comme l’allée était fermée, elle fut obligée de s’adresser à une femme qui tenait la boutique. Cette femme, voyant une jolie fille demander l’appartement d’un homme à une heure si indue, la traita fort mal. Madame, lui dit la jeune fille, ne me condamnez point sur les apparences ; suivez-moi, le chevalier n’est pas chez lui ; mais une fille infortunée qu’on veut perdre, et que je viens sauver. Ces femmes frappèrent long-tems à ma porte, avant que je pusse me résoudre à l’ouvrir ; mais la fille m’ayant parlé de ma mère, du chevalier, d’un complot fait pour me perdre, je commençai à craindre quelque chose de funeste, et les laissai entrer. Elle m’apprit alors que