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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/191

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le chevalier était l’amant de ma mère ; qu’un coquin de sa trempe devait faire l’office de prêtre pour nous marier et que mon soi-disant mari devait céder sa place à un riche financier, à qui l’on m’avait vendue 30 000 livres.

On ne meurt pas de frayeur, puisque la mienne ne m’ôta point la vie. La maîtresse de la maison me rassura. Ne craignez point, ma belle enfant, me dit-elle, nous sommes dans un pays où l’on n’exécute point impunément de pareilles infamies : reposez-vous sur moi ; demain à pareille heure, vous serez dans un couvent. J’ai l’honneur de connaître monsieur le lieutenant de police, et j’en obtiendrai une lettre de cachet pour vous enlever à votre indigne mère.

Je me jetai aux pieds de cette femme, transportée de reconnaissance, et je crus mes malheurs finis, puisque je pouvais espérer un asyle honorable. Hélas ! mon étourderie me priva de cet avantage qui faisait l’unique objet de mes désirs : le