flots s’enflamment et, comme en des blessures ouvertes,
ils entrent aux trous des écueils,
Et mon cœur se reflète en ce soir de torture,
Quand la vague se ronge et se déchire aux rocs
Et s’acharne contre elle, et que son armature
D’or et d’argent éclate et s’émiette, par chocs.
Ainsi se suivent les images, incohérentes, dans l’âme tourmentée et harcelée de son cauchemar. Chacune d’elles a son maximum d’intensité, scintille, rayonne, fulgure. Elles se succèdent comme des éclairs de feu dans une nuit sinistre ; elles disparaissent et laissent aux yeux une brûlure…
Elles éveillent dans les dernières profondeurs de l’inconscience des vœux bizarres, d’obscurs désirs qui
bientôt se formulent paradoxalement…
Les vêpres sonnent :
être une vieille qui marmonne
des orémus. Le couchant ensanglante le ciel : assassiner, faire
gémir des bouches, panteler de la chair, chavirer des
yeux moribonds ; de la gorge ouverte coule un ruisseau
de corail dans l’herbe. Et le remords survient, la peur
aussi et la peur de la peur, —
et voici qu’une angoisse
inattendue apportera une nouvelle souffrance à cette
âme qui n’est altérée que de souffrir et qui ne s’inquiète que d’épuiser trop vite toute la souffrance :
elle va tressaillir de frissons instinctifs, d’autres sens vont lui
naître, infiniment subtils, qui multiplieront sa puissance
affective. Un étrange évangile de la Douleur, non pas
acceptée mais voulue, recherchée avec frénésie, se pose ainsi.
… Sois ton bourreau toi-même,
N’abandonne l’amour de te martyriser