l’aile gauche de son grenier, dégringolant, tua les bergers
et les chiens. Et les yeux fous de la statuette flamboyaient…
L’histoire de Jean Snul, que les bêtes
aimaient, et de Nel Frankenlap, qui les mit en déroute ;
celle de l’échevin Sixte, gourmand de pommes, et de
Kleudde, l’esprit joyeux qui suit les ivrognes des nuits
flamandes ; celle de la sorcière lubrique et d’Armenz, le
fermier qu’elle prit au moyen d’un philtre, sont curieuses,
terrifiantes, bizarres, et celle du vieux pèlerin de Montaigu qui se grisa trois fois avant d’arriver au sanctuaire et raconta finalement ses trois péchés à la Vierge
indulgente, est délicieuse de bonne humeur et de vérité.
Le malade pour qui le vieux pèlerin fit son pèlerinage,
guérit. Donc on fit fête à ce brave homme ; mais il
avoua l’imperfection
de sa dévote entreprise. On lui
donna à manger du lard, des boudins. Il dit :
C’est pas ma faute !
Si la Dame n’était puissante et haute
Et pardonnante à tous, j’aurais prié en vain.
Le dernier poème de Verhaeren, les Forces tumultueuses[1], ne termine pas l’ample évolution de son génie ; il la continue, mais avec un élan nouveau vers de nouvelles destinées. Deux caractères y sont à noter : l’optimisme et le modernisme, — une certaine manière, du moins, de modernisme et d’optimisme. Cela ne veut pas dire que Verhaeren renonce à sa façon épique et tragique de voir les choses ; mais l’optimisme et le tragique
- ↑ À la Société du Mercure de France, 1902.