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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

XI

UNE MAISON DE LA RUE DES LIONS-SAINT-PAUL.


Pompeo frappa à la porte du marchand de blé, pendant que le docteur examinait avec une scrupuleuse attention la maison où brillait un faible jet de lumière…

C’était une maison obscure et noirâtre, formant, nous l’avons dit, l’angle de la rue des Lions-Saint-Paul qui avoisine le quai de l’Arsenal, et dont elle ne se trouvait séparée que par l’hôtel à porte cintrée qu’occupa plus tard Marie d’Aubray, connue depuis sous le nom de la marquise de Brinvilliers…

Jamais peut-être un édifice plus sombre et plus triste n’avait frappé la vue du promeneur, le porche en était sinistre, les charpentes affaissées… La seule partie qui fût alors éclairée était une tourelle placée à l’extrémité de la rue ; cette tourelle avait un balcon élevé de dix pieds au dessus du sol…

La nuit drapait la rue d’ombres profondes, gigantesques…

Dans ce quartier désert, tout se taisait : la pluie avait cessé, on n’entendait plus que les raffales du vent sur les eaux mornes de la Seine…

Le masque laissa Pompeo faire son marché ; puis, quand il fut venu avec ses deux sacs, il lui dit :

— Voilà qui est bien ; tu vas m’attendre sous ce balcon. Quand il en sera temps, je t’appellerai, tu monteras.

Le masque souleva alors le marteau de la porte ; l’instant d’après, une vieille Moresse, son flambeau en main, montra sa tête cuivrée à une lucarne…

— Ta maîtresse m’attend, lui dit le masque, je la précède ; ouvre-moi !

La Moresse hésita d’abord ; puis, vaincue par le ton impé-