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LES MYSTÈRES DE L’ÎLE SAINT-LOUIS

parmi ces hommes il se trouvait des ornemanistes pleins de feu et de goût, dont la patience et l’habileté rappelaient ceux de Benvenuto Cellini[1].

Un soir que Pompeo se trouvait seul, et que les pas de ses travailleurs n’ébranlaient plus les vastes parquets de l’hôtel, l’Italien se dirigea vers une galerie rehaussée de stuc et d’or ; en ce lieu étaient déjà plusieurs toiles qui attendaient des portraits. Pompeo tira de son sein un médaillon qu’il considéra longtemps aux lueurs mates de la lune. S’approchant ensuite avec précaution d’un tableau voilé et encadré dans la boiserie de cette pièce, il en souleva délicatement la draperie.

Un bruit léger le fit retourner, il se trouvait devant Mariette.

– Que voulez-vous ? demanda-t-il d’une voix troublée.


XX

ÉVÉNEMENTS.


À l’approche de la jeune fille, Pompeo avait remis le médaillon dans son pourpoint et tiré le rideau sur le portrait ; mais ce mouvement, si rapide qu’il fût, ne put échapper à Mariette.

Dans la galerie où se trouvait alors l’Italien, une palette, fraîche encore, témoignait assez du travail récent de quel-

  1. Grâce aux études consciencieuses de nos artistes et au goût des belles choses répandu dans le grand monde, le temps actuel n’a rien à envier au temps d’autrefois. Les délicatesses des anciens niels palpitent encore sous le ciseau de nos ouvriers ; nous citions l’autre jour Froment-Meurice, notre riche orfèvre, si supérieur à Morel, et c’était justice. À l’instant où nous revoyons ces lignes, nous n’apprenons pas sans un secret plaisir qu’un choix auguste a ratifié nos éloges. Froment-Meurice est chargé par la cour de Lucques et madame la duchesse de Berri d’un ouvrage qui va mettre le sceau à sa renommée. C’est à l’occasion du mariage de Mademoiselle avec le prince de Lucques que cette commande a eu lieu.