Chassant bientôt ces pensées comme un rêve pusillanime, il appela Cesara.
Le page de la comtesse de San-Pietro apparut. Il paraissait pâle, troublé.
— Cesara, lui dit Pompeo, sans remarquer son désordre, j’ai besoin de toi. Es-tu discret ?
— Comme un confesseur, Excellence.
— Cesara, continua Pompeo, j’ai aujourd’hui même un rendez-vous important.
— Un rendez-vous d’amour, Excellence ? parlez. Je ne mets à ma discrétion que le prix auquel vous voudrez bien la taxer vous-même, répondit le valet avec un salut obséquieux et faux.
— J’entends tu veux de l’or ; prends cette bourse. C’est juste. Sache seulement que ce n’est point ici d’un rendez-vous galant qu’il s’agit ; il y va de la vie ou de la mort.
— Un duel ! bravo ! Je vais mettre ma cape et suivre Son Excellence, dit Cesara.
— Tu n’iras pas loin, c’est ici même.
— Ici ! juste ciel ! reprit Cesara en voyant le lieu que lui indiquait Pompeo. Ignorez-vous, Excellence, que ces souterrains…
— Silence, dit Pompeo, aide-moi seulement à passer encore ici cette demi-heure. À midi, je descendrai seul dans cette partie de l’hôtel. Toi, en attendant, verse-moi un verre de vin de Chypre ou de vin de France, peu m’importe.
— Nous avons ici, monseigneur, du vin de Chypre excellent, dit Cesara en se dirigeant vers l’office. Il ne tarda pas à revenir avec un flacon et une coupe.
— Pourvu que le lâche n’oublie pas le rendez-vous ! pensa Pompeo. N’importe, à la grâce de Dieu !
Il vida le verre que Cesara lui présentait.
Tous deux, se parlant à voix basse, arrivèrent peu d’instants après devant la grille d’un escalier sombre et tortueux qui menait aux souterrains dont il a été parlé. Cette grille protégeait une porte basse.