Aller au contenu

Page:Beauvoir - Les mystères de l’île Saint-Louis, tome1.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

La figure de maître Philippe Gruyn, le cabaretier, se rembrunit ; il courut au jeune homme et lui jeta à l’oreille quelques paroles brèves.

— Ouvrez ! reprit une voix bien connue de maître Philippe, ouvrez, ou nous enfonçons la porte !


IV

CE QU’IL EN COÛTE D’ÊTRE SECOURU PAR UNE JOLIE FILLE.


À cette injonction redoutable, Mariette ouvrit, et l’on vit entrer plusieurs gardes du cardinal, mêlés à ceux du guet et de la reine. Depuis quelques vols récents, ces trois patrouilles avaient alors la surveillance nocturne de la capitale, et composaient un corps de milice assez redoutable, appelé la Triple Ronde.

— Rassurez-vous, maître Philippe, dit le capitaine, nous ne venons pas vous faire du mal.

— De quoi s’agit-il, messieurs ? demanda le cabaretier.

— D’un cavalier qui a sauvé une dame près de l’Arsenal, il y a une demi-heure, répondit le capitaine. Ce cavalier a mis lestement l’épée au poing, et a déconfit plusieurs gens apostés pour enlever ou voler cette personne. Vérification faite, nous avons reconnu qu’elle avait sur elle un magnifique collier de pierreries. Elle était en coche de cuir roussi, les mantelets du coche soigneusement abaissés elle nous a dit se nommer la comtesse Alvinzi. Le cavalier susdit a reçu une bourse d’elle. Il est ici, on l’y a vu entrer ; c’est lui qu’il nous faut. Encore une fois, il ne lui sera fait aucun mal ; on veut, au contraire, le remercier.

Mariette échangea avec l’Italien un coup d’œil de doute. En ce moment même, l’un des masques s’était levé ; il parlait à voix basse au capitaine de ronde.

— Encore une fois, elle nous a dit se nommer la comtesse Alvinzi… répondit au masque le capitaine de ronde sur le même ton.