VII
LE TRIPOT.
À l’aspect de ce visiteur hardi, Charles Gruyn ouvrit d’abord de grands yeux, ensuite il posa la main sur son épée… Un éclat de rire le désarma.
— Bellerose ! murmura-t-il.
— Eh bien ! oui, moi, Bellerose ; as-tu donc peur de moi ? demanda le comédien. J’avoue que ma façon de m’introduire ici a dû t’étonner… Nous veillons donc, mon cher ? nous composions peut-être un sonnet à notre belle inconnue ? Moi, je venais te chercher ; j’allais tâcher de t’éveiller le plus discrètement possible, à l’aide d’un caillou lancé contre ta fenêtre… Il fait noir en diable mais on connaît son Paris.
— Que me voulais-tu ?
— Ventrebleu ! laisse-moi d’abord reprendre haleine. Arrose ici mon discours d’un coup de vin d’Arbois, ou je suis mort.
— Voici un flacon et un verre, dit Charles en les posant devant Bellerose ; mais parle.
— D’abord, observe mon habit.
— Ton habit est fort beau, et tu l’as sans doute emprunté à ton théâtre. Tes chausses sont merveilleuses, tes rubans superbes ; après ?
— Après ? Eh bien, il faut à l’instant que tu me suives. Je veux te mener ce soir en belle compagnie.
— Oui, la compagnie des comédiens ! objecta Charles avec ironie.
— La dédaignerais-tu ?
— Non ; mais tu conviendras que ce n’est pas là ma place. Quelques scènes bouffonnes que Turlupin va jouer, sans doute, pour nous faire rire après un joyeux souper ; une farce de Gautier Garguille, ou la pasquinade du Soleil