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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

précipitamment dans sa propre voiture arrêtée sous le péristyle.


XV

LA BAGUE.


Les premiers instants que Lauzun passa sous les verroux de Mademoiselle furent employés par lui à rire le premier de sa nouvelle situation.

— À la bonne heure, se dit-il, cette prison-là me manquait ! Mon sort est-il donc de me voir toujours ainsi sous clef, par arrêt du roi ou de ma femme ! Encore si j’avais déjeuné.

Il sonna, mais on ne répondit pas : les ordres étaient donnés, le comte ne le vit que trop.

— Il y a progrès, pensa Lauzun, la princesse veut me prendre par la famine ; du moins à Pignerol Sa Majesté me faisait servir à déjeuner par Saint-Mars.

Onze heures venaient de sonner à la pendule de l’appartement, Lauzun ouvrit la fenêtre qui donnait sur le jardin réservé de la princesse.

C’était un carré planté d’acacias et de lauriers-roses, les rayons du soleil n’y pénétraient qu’attiédis sous le feuillage. Une petite fontaine gazouillait au fond, formée d’une grotte rustique ; devant cette grotte était une volière à treillis d’or.

— Les pauvres oiseaux ! ils sont captifs comme moi, du moins ils peuvent manger ! Mais je ne me trompe pas, ajouta Lauzun en se penchant, cette main charmante qui leur verse le grain en ce moment, cette ombre légère qui passe auprès d’eux, c’est Paquette ! Paquette ! oh ! mon Dieu ! je l’avais presque oubliée !

Et calculant la distance qui séparait le rez-de-chaussée du sol, Lauzun ne vit pas sans un singulier plaisir qu’il y avait moins haut pour sauter de là que du balcon de ma-