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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Un voile, une mante et divers autres objets de toilette y avaient été laissés par Ursule, Henri s’en approcha et les examina d’un œil distrait. Sa vue se fixa sur l’herbier de la jeune fille ouvert encore à la page où reposait la lettre de cet inconnu de la cour du Fer à cheval à Pignerol.

À la seule inspection rapide de ces caractères, le front du jeune homme se colora subitement, il semblait connaître cette écriture, il en parcourut les lignes avec une singulière avidité.

— Lui ! s’écria-t-il, lui que je croyais à jamais perdu ! Il connaît donc cette enfant ! Oh merci, mon Dieu, grâce à cet indice, je vais savoir…

Henri se hâta de refermer le livre de Paquette, elle-même entrait alors d’un pas léger dans la chambre.

Le jeune homme se retourna, comme il l’eût fait au bruit furtif d’un oiseau.

— Mille pardons, monsieur, je venais… j’allais…

— C’est moi, mademoiselle, qui n’eusse pas dû m’installer ici, je l’avoue, avant que vous n’eussiez repris ce qui vous appartient.

— Vous êtes le maître, monsieur, dit Paquette avec tristesse, croyez seulement que je m’en veux de vous avoir troublé dans votre lecture… Il me semble que vous lisiez…

Paquette pâlit ; elle venait de reconnaître son herbier entre les mains du jeune homme.

— Une indiscrétion… mademoiselle… reprit à son tour Henri ; je suis bien coupable, je le sens, je le confesse. La faute en est à Ursule, et cependant promettez-moi de ne pas l’en blâmer…

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-elle toute tremblante, et en arrêtant sur Henri un regard plein de surprise.

— Qu’il y a dans cet herbier, mademoiselle, un secret que je tiens tout d’abord à éclaircir… Vous paraissez si bonne que vous voudrez bien m’aider…

— À quoi ?