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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

bien, poursuivit-elle en se mettant à genoux devant le vieillard, en couvrant ses mains froides de baisers et de caresses, mon père, mon bon père, écoutez-moi !

— Paquette, dit Leclerc, en cherchant à dissimuler son émotion, je n’ai pas cherché à connaître votre secret, respectez ici le mien.

— Je le respecterai, oh ! je le jure devant Dieu ! répondit-elle, le visage noyé de larmes ; mais, au nom du ciel ! la grâce de votre fils, sa grâce !

— Enfant, relevez-vous, dit Leclerc d’une voix grave. Je veux bien promettre à vos prières… à vos larmes… un aveu qui me coûte et qui me pèse… Vous m’avez juré en échange de ma discrétion de ne jamais enfreindre la vôtre… Entrez dans cette chambre avec moi, vous saurez tout.


III

L’AVEU.


En disant ces mots, le vieillard rouvrit la porte de son cabinet, il releva la mèche d’une lampe à demi baissée, qui répandit une clarté pâle.

Paquette, éperdue, mourante, sentait ses genoux fléchir sous elle. Leclerc en eut pitié, il lui avança un siège.

La pendule marquait minuit.

Ceux qui auraient vu la figure de Leclerc en cet instant, eussent pu croire chez cet homme à une décomposition soudaine.

Le financier avait ôté son immense perruque ; ses cheveux courts, grisonnants, étaient hérissés ; l’aspect de son visage était sinistre.

Il ouvrit un tiroir dans lequel était une cassette ; cette cassette, la jeune fille la reconnut : c’était celle qui l’avait frappée par sa forme dans la même chambre où elle avait vu le portrait de femme dont Ursule avait refusé de lui dire le nom.