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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Quelques secondes après, le comte sonnait Barailles. Il s’était assis à son secrétaire, et griffonnait des billets d’invitation sur son papier le plus parfumé.

— C’est bien cela, reprit-il, après avoir parcouru à voix basse les lettres qu’il venait d’écrire, Barailles, mon ami, dis à mon coureur de porter ces lettres à l’instant même.

Et il sortit avec Riom et se rendit à la loterie de madame d’Humières.

— À demain, mon neveu, dit-il en quittant Riom sur le seuil de la maréchale, demain, à midi, je t’attends à déjeuner ! Sois exact, il s’agit d’une revanche !


V

TROIS PORTES.


Le lendemain, le comte était étendu négligemment sur les moelleux coussins d’une duchesse à lampas orange, flattant de sa main droite un miraculeux épagneul à longues soies, que le roi Jacques II lui avait envoyé de Londres, et de l’autre agaçant un perroquet donné par Mademoiselle, quand dix heures sonnèrent à l’horloge de Boule qui ornait l’un des panneaux de cette pièce…

Au son métallique de la pendule, Lauzun tressaillit, il se leva ouvrit une porte que masquait la tapisserie, et il appela Barailles.

Le bon gentilhomme arriva de ce pas sonore et ferme qui convient à un Alsacien, ni trop lent, ni trop pressé.

— Eh bien, Barailles, as-tu fait remettre mes invitations à ces messieurs ? demanda Lauzun d’un air agité ; réponds.

— Monsieur le comte est sûr de les voir venir.

— Aucun n’a refusé ?

— Aucun.

— À merveille, tu peux me laisser. Oui, continua Lauzun en s’exaltant, tu peux me laisser, car je ne veux personne