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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

symphonie. Une table chargée de tasses en vermeil descendit de ce dôme orné de suaves peintures, les cordes fleuries qui la supportaient remontèrent agilement.

— C’est un conte de fées, dit Monaco, ah ! si ma femme était là !

— Et la mienne ! fit Roquelaure.

— Nous sommes libres pour toute la journée, s’écria d’Humières, n’est-ce pas, messieurs, vous me l’avez dit ? Ma femme est allée voir sa cousine à Fontainebleau !

— Madame de Monaco est chez le prince de Conti !

— Et madame de Roquelaure va chez le roi !

— À merveille ! ajoutèrent Riom et Lavardin. Les femmes, ça dépare !

— Permettez-moi, messieurs, de n’être pas de votre avis, objecta Lauzun galamment. Les femmes sont, selon moi, le meilleur assaisonnement d’une fête ou d’un banquet. Quand voulez-vous, monsieur de Roquelaure, que je vous raccommode avec la vôtre ?

— Jamais s’écria le duc, j’aime les hostilités.

— Et vous, monsieur le prince ?

— Moi, monsieur le comte, dit Monaco ; mais je ne me sache point encore brouillé avec la princesse. Elle est légère, coquette, mais tout le monde sait que je ne lui passe aucune faute. Tudieu ! les gibets de ma principauté en font foi !

— Ainsi, monsieur le prince, vous vous croyez à l’abri de tout malheur, ne fût-ce que pour cette journée ?

— Oh ! pour cette journée, je défierais le roi, le diable et vous-même.

— Fort bien ; mais telle n’est peut-être pas l’idée de M. de Roquelaure ?

— Je pense comme M. le prince.

— Et comme moi, Roquelaure, dit M. d’Humières en prenant la main du duc ; c’est le moins, non ami, que nous ayons un jour de sécurité dans l’année.