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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

D’Humières crut mettre fin à la scène en déclarant qu’il prenait Lavardin sous sa protection.

— C’est cela, il ne manque plus que vous l’encouragiez, dit la maréchale, haussant les épaules.

— Pourquoi diable ma femme n’est-elle point ici ! cela l’amuserait, reprit Roquelaure.

— Et la mienne donc, ajouta Monaco d’un rire épais.

— Je me plaindrai au roi de votre conduite, madame la maréchale, s’écria d’Humières, entraînant sa femme vers son carrosse. Maltraiter ainsi Lavardin ! Quant à vous, monsieur le comte, ajouta le maréchal à Lauzun, je vous dispenserai d’enfermer ma femme à l’avenir, ce soin me regarde.

Roquelaure et Monaco se regardaient entre eux d’un air hébété, quand l’arrivée subite d’un nouveau personnage leur permit de gagner la porte, en se félicitant d’en être quittes tous deux à si bon compte. La voix de Barailles annonçait au comte sa propre mère, madame de Lauzun !


VII

UNE MÈRE.


Au nom de sa mère qui retentit comme un coup de foudre, de sa mère dont il connaissait la sévérité, Lauzun chercha tout d’abord à se donner une contenance.

Il ouvrit le premier livre qui lui tomba sous la main ; précisément ce livre était un livre pieux, la Bible.

Cette Bible était celle que l’homme de Pignerol avait laissée à terre en disparaissant dans sa galerie, la nuit même de la fête donnée par le comte à l’occasion de son retour.

Madame de Lauzan fut loin d’être dupe du recueillement inusité de son fils ; l’odeur des flacons parfumait encore le boudoir, et de ces flacons plusieurs étaient vides…