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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— Et d’où cela ? me le direz-vous ?

— De votre parti pris de ne pas vous battre, quand même. Croyez-moi, restez paisible.

— Nous sommes en pleine paix, monsieur de Lavardin je n’ai vu qu’une affaire depuis longtemps, votre duel de l’autre jour avec madame d’Humières.

La querelle allait s’échauffer, quand Seignelay et Camardon s’interposèrent.

— Laissez parler ce cher Roquelaure, dirent-ils ; de Vardes est exilé et nous n’avons plus que lui.

— N’y a-t-il pas, cher duc, quelque bonne histoire en l’air ? demanda gaiement Camardon ; pour moi, je m’ennuie, tant, que je voudrais me faire Turc.

— Par ma foi dit Roquelaure à Camardon, je n’en sais qu’une, arrivée, je crois, à la dernière foire de Saint-Germain, où votre femme se trouvait.

— Laissez mademoiselle de Laval en repos, reprit Camardon, enchanté de couper court, et donnez plutôt votre attention à ce merveilleux équipage qui s’arrête en ce moment-ci au bout de la rue Culture-Sainte-Catherine. Le duc de Foix et le prince de Marsillac n’ont rien de plus beau. Quel est donc le riche seigneur…

— Je gage pour le comédien Baron, dit Seignelay ; la Bertillac a vendu pour lui ses pierreries le mois dernier…

— Y pensez-vous ? le carrosse a des armoiries superbes.

— C’est un carrosse de la cour.

— Oui, ma foi ; mais tous ses mantelets sont abaissés.

— Je vous donne en cent, dit Roquelaure, qui avait fait quelques pas vers la voiture et s’en revenait tout essoufflé, qui vous allez voir passer dans cet équipage ?

— M. le Prince !

— M. le Dauphin !

— Non, messieurs : M. de Lauzun !

— Laissez donc !

— Et il n’est pas seul, poursuivit Roquelaure, il est avec une dame.