de Henri, il s’en approcha, puis se mettant devant lui à deux genoux :
— Priez Dieu, Henri, murmura-t-il, priez-le qu’il me pardonne !
Une larme roula de ses yeux, qui jusque-là n’avaient pas pleuré…
Les quatre témoins de cette scène partirent, après s’être promis le silence. Il fallut que Barailles aidât le comte à remonter en carrosse. Tous deux n’échangèrent aucun mot pendant la route. Rentré dans son hôtel, Lauzun s’abandonna au désespoir ; il fit répandre le bruit qu’il était absent, et se réfugia dans la demeure souterraine qu’avait habitée Saint-Preuil. Délaissée par son hôte, cette tombe attendait quelqu’un : le comte s’y engouffra. L’un de ces rayons tombés d’en haut sur Rancé allait peut-être changer pour jamais cette existence folle. Lauzun eut peur. Il ne se sentit pas assez fort. Le soir du duel, il reçut une lettre de mademoiselle Fouquet ; elle lui annonçait qu’elle entrait au couvent de Notre-Dame de Saintes, où s’étaient déjà retirées les sœurs de Lauzun. Son courage intrépide ne s’était pas démenti devant le cadavre ; elle l’avait fait elle-même transporter dans sa voiture. L’important était d’ensevelir la victime. Saint-Preuil, croyant aux bruits de départ semés sur Lauzun, se chargea de lui trouver une tombe. Le caveau qu’il avait habité dans l’hôtel même du comte lui parut un lieu convenable ; il y pénétra avec deux hommes qui portaient le corps de Henri couvert en entier d’un large manteau.
— C’est bien, laissez-moi, dit Saint-Preuil à ces deux hommes, je n’ai plus besoin de vous.
Minuit sonnait à l’horloge des Célestins. C’était le matin même que Lauzun et Henri s’étaient rencontrés. Saint-Preuil prit sa lampe et la promena sur le front du cadavre… Henri était admirablement beau ; on eût dit qu’il sommeillait. Saint-Preuil prit sa bêche et commença les prières des morts. En s’approchant de la fosse, il recula