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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

Un groupe de jeunes seigneurs entourait en ce moment Barailles, à l’aide duquel ils espéraient savoir au moins si M. de Lauzun était véritablement fou. Dans ce groupe se trouvait M. d’Alluye.

Lauzun profita de son éloignement pour s’approcher de la marquise.

— Madame, lui dit-il à voix basse, cachez ce billet dans votre éventail.

La marquise rougit, elle se troubla ; elle était loin d’avoir l’expérience de madame de Monaco. Un coup d’œil rapide, jeté par elle sur le groupe où causait alors M. d’Alluye, la rassura ; elle prit le billet de Lauzun avec précipitation.

Si rapide qu’il fut, ce geste n’échappa point au duc de Roquelaure.

Malgré sa laideur, le duc, nous l’avons dit, avait inutilement assiégé madame d’Alluye, sa rancune lui était acquise.

Il s’en fut à pas de loup trouver M. d’Alluye, et feignit de lui parler du château d’Amboise, en l’attirant dans l’embrasure d’une fenêtre.

Devant cette fenêtre était placée madame d’Alluye.

Émue, palpitante, la jolie marquise attendait qu’elle pût gagner le boudoir pour lire le billet de Lauzun. La présence du marquis figea le sang dans ses veines. En proie à une invincible frayeur, elle pâlit, elle se troubla.


IV

UN REVENANT.


Ce trouble, cette pâleur n’échappa point à l’œil jaloux du marquis d’Alluye, que le retour inopiné de Lauzun glaçait d’une sueur froide.

Il s’approcha de la marquise et l’interrogea sur son émotion.