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DES DÉLITS ET DES PEINES.

D’un autre côté, l’espérance de l’impunité pour le complice qui trahit, peut prévenir de grands forfaits, et rassurer le peuple toujours effrayé, lorsqu’il voit des crimes commis sans connaître les coupables[1].

Cet usage montre encore aux citoyens que celui qui enfreint les lois, c’est-à-dire, les

    des scélérats entre eux, pour troubler l’ordre et violer les lois avec plus de sécurité. Dans une guerre ouverte, on reçoit les transfuges ; à plus forte raison doit-on les recevoir dans une guerre sourde et ténébreuse, qui n’est qu’embûches et trahisons. (Note de Diderot.)

  1. « Considérez ces premiers momens, où la nouvelle de quelque action atroce se répand dans nos villes et dans nos campagnes ; les citoyens ressemblent à des hommes qui voient tomber la foudre auprès d’eux ; chacun est pénétré d’indignation et d’horreur ; les imaginations alarmées peignent vivement le danger, et les cœurs émus par la pitié plaignent dans les autres les maux qu’ils craignent encore pour eux-mêmes. Voilà le moment de châtier le crime, ne le laissez pas échapper, hâtez-vous de le convaincre et de le juger… Traînez les coupables dans les places publiques, appelez le peuple à grands cris, vous l’entendrez alors applaudir à la proclamation de vos jugemens, comme à celle de la paix et de la liberté… » (Servan, Discours sur l’administration de la justice criminelle.)