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DES DÉLITS ET DES PEINES.

vraient-elles multiplier cette barbarie, d’autant plus horrible qu’elle donne la mort avec plus d’appareil et de formalités ?

N’est-il pas absurde que les lois, qui ne sont que l’expression de la volonté générale, qui détestent et punissent l’homicide, ordonnent un meurtre public, pour détourner les citoyens de l’assassinat ?

Quelles sont les lois les plus justes et les plus utiles ? Ce sont celles que tous proposeraient et voudraient observer, dans ces momens où l’intérêt particulier se tait ou s’identifie avec l’intérêt public.

Quel est le sentiment général sur la peine de mort ? Il est tracé en caractères ineffaçables dans ces mouvemens d’indignation et de mépris que nous inspire la seule vue du bourreau, qui n’est pourtant que l’exécuteur innocent de la volonté publique, qu’un citoyen honnête qui contribue au bien général, et qui défend la sûreté de l’état au-dedans, comme le soldat la défend au-dehors[1].

  1. Cela ne prouve point que la peine de mort soit injuste. J’ai dit comment la volonté publique y avait souscrit, et comment il est naturel que les lois aient ordonné le meurtre du meurtrier. L’horreur qu’on a pour le bourreau vient du retour de compassion que