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CHAPITRE XVI.

Je sens combien la faible voix d’un philosophe sera facilement étouffée par les cris tumultueux des fanatiques esclaves du préjugé. Mais le petit nombre de sages répandus sur la surface de la terre sauront m’entendre ; leur cœur approuvera mes efforts ; et si, malgré tous les obstacles qui l’éloignent du trône, la vérité pouvait pénétrer jusqu’aux oreilles des princes, qu’ils sachent que cette vérité leur apporte les vœux secrets de l’humanité entière ; qu’ils sachent que s’ils protègent la vérité sainte, leur gloire effacera celle des plus fameux conquérans, et que l’équitable postérité placera leurs noms au-dessus de ceux des Titus, des Antonins et des Trajan.

Heureux le genre humain, si, pour la première fois, il recevait des lois ! Aujourd’hui, que nous voyons élevés sur les trônes de l’Europe des princes bienfaisans, amis des vertus paisibles, protecteurs des sciences et des arts, pères de leurs peuples, et citoyens couronnés ; quand ces princes, en affermissant leur autorité, travaillent au bonheur de leurs sujets, puisqu’ils détruisent ce des-

    et aux juges, qui ont eu le malheur de la condamner, tout moyen de réparer cette faute affreuse. » (Note inédite de l’abbé Morellet.)