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DES DÉLITS ET DES PEINES

sorte d’oisiveté avec celle qui est le fruit des richesses acquises par l’industrie. C’est aux lois seules et non à la vertu rigide (mais resserrée dans des idées étroites) de quelques censeurs, à définir l’espèce d’oisiveté punissable.

On ne peut regarder comme une oisiveté funeste en politique celle qui, jouissant du fruit des vices ou des vertus de quelques ancêtres, donne pourtant le pain et l’existence à la pauvreté industrieuse, en échange des plaisirs actuels qu’elle en reçoit, et qui met le pauvre à portée d’exercer cette guerre paisible, que l’industrie soutient contre l’opulence, et qui a succédé aux combats sanglans et incertains de la force contre la force.

Cette sorte d’oisiveté peut même devenir avantageuse, à mesure que la société s’agrandit et que le gouvernement laisse aux citoyens plus de liberté[1].

  1. « Vous voyez un citoyen qui refuse à la société le tribut de ses forces ou de son industrie ; un homme oisif est un méchant commencé. Semblable à ces liqueurs qui se corrompent dans le repos, et rongent bientôt le vase qui les contient, il faut ou les jeter sans délai, ou les faire fermenter de nouveau. — L’homme public, s’il est vigilant, ne laissera pas à l’oisiveté le temps de