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CHAPITRE XXXVI.

et ne s’attache qu’avec plus d’ardeur à poursuivre l’objet de ses désirs, lorsque les difficultés qui se présentent ne sont point insurmontables, et qu’elles n’ont pas un aspect trop décourageant, relativement au degré d’activité que l’on a dans l’esprit. Les obstacles deviennent pour ainsi dire autant de barrières qui empêchent notre imagination capricieuse de s’en écarter, et la forcent de songer continuellement aux suites de l’action qu’elle médite. Alors l’âme saisit bien plus fortement les côtés agréables qui la séduisent, que les conséquences dangereuses dont elle s’efforce d’éloigner l’idée.

La pédérastie, que les lois punissent avec tant de sévérité[1], et contre laquelle on emploie si facilement ces tortures atroces qui triomphent de l’innocence même, est moins l’effet des besoins de l’homme isolé et libre, que l’écart des passions de l’homme esclave qui vit en société. Si quelquefois elle est produite par la satiété des plaisirs, elle

  1. Ce n’est pas en France au moins. — Les lois prononcent des peines sévères, mais on ne les exécute plus. En Italie, le riche s’en exempte aisément ; l’imprudent peu aisé en est seul la victime. (Note de Brissot de Warville. Bibliothèque du législateur ; 1782.)