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DES DÉLITS ET DES PEINES

La fidélité conjugale est toujours plus assurée à proportion que les mariages sont plus nombreux et plus libres. Si les préjugés héréditaires les assortissent, si la puissance paternelle les forme et les empêche à son gré, la galanterie en brise secrètement les liens, malgré les déclamations des moralistes vulgaires, sans cesse occupés à crier contre les effets, en excusant les causes.

Mais ces réflexions sont inutiles à ceux que les motifs sublimes de la religion retiennent dans les bornes du devoir, que le penchant de la nature les pousse à franchir.

L’adultère est un délit d’un instant ; il s’entoure du mystère ; il se couvre d’un voile, dont les lois même prennent soin de l’envelopper, voile nécessaire, mais tellement transparent, qu’il ne fait qu’augmenter les charmes de l’objet qu’il cache. Les occasions sont si faciles, les conséquences si douteuses, qu’il est bien plus aisé au législateur de le prévenir lorsqu’il n’est pas commun, que de le réprimer lorsqu’il est établi.

Règle générale : dans tout délit, qui, par sa nature, doit presque toujours demeurer impuni, la peine est un aiguillon de plus. Notre imagination n’est que plus vivement excitée,