Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/293

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avec la somme de toutes les autres libertés dont ses concitoyens lui ont fait le sacrifice ; s’il songe que, sans les lois, ils auraient pu s’armer et s’unir contre lui ?

Avec une âme sensible, on trouve que, sous de bonnes lois, l’homme n’a perdu que la funeste liberté de faire le mal ; et l’on est forcé de bénir le trône, et le souverain qui ne l’occupe que pour protéger.

Il n’est pas vrai que les sciences soient nuisibles à l’humanité. Si quelquefois elles ont eu de mauvais effets, c’est que le mal était inévitable. Les hommes s’étant multipliés sur la surface de la terre, on vit naître la guerre, quelques arts grossiers, et les premières lois, qui n’étaient que des conventions momentanées, et qui périssaient avec la nécessité passagère qui les avait produites. C’est alors que la philosophie commença de paraître ; ses premiers principes furent peu nombreux et sagement choisis, parce que la paresse et le peu de sagacité des premiers hommes les préservaient de beaucoup d’erreurs.

Mais les besoins s’étant multipliés avec l’espèce humaine, il fallut des impressions plus fortes et plus durables pour empêcher les retours fréquens, et de jour en jour plus