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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/337

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très-supérieur, suit la même maxime. Les crimes ne se sont point multipliés par cette humanité ; et il arrive presque toujours que les coupables relégués en Sibérie, y deviennent gens de bien. On remarque la même chose dans les colonies Anglaises. Ce changement heureux nous étonne, mais rien n’est plus naturel. Ces condamnés sont forcés à un travail continuel pour vivre ; les occasions du vice leur manquent ; ils se marient, ils peuplent. Forcez les hommes au travail, vous les rendrez honnêtes gens. On sait assez que ce n’est pas à la campagne que se commettent les grands crimes, excepté peut-être quand il y a trop de fêtes, qui forcent l’homme à l’oisiveté, et le conduisent à la débauche.

On ne condamnait un citoyen romain à mourir, que pour des crimes qui intéressaient le salut de l’état. Nos maîtres, nos premiers législateurs, ont respecté le sang de leurs compatriotes ; nous prodiguons celui des nôtres.

On a long-temps agité cette question délicate et funeste : s’il est permis aux juges de punir de mort quand la loi ne prononce pas expressément le dernier supplice. Cette difficulté fut solennellement débattue devant