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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/359

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fessèrent avant de commettre leurs crimes. Le fanatisme, dans ces siècles déplorables, était parvenu à un tel excès, que la confession, n’était qu’un engagement de plus à consommer leur scélératesse : elle devenait sacrée, par cette raison que la confession est un sacrement.

Strada dit lui-même que Jaurigni non ante facinus aggredi sustinuit, quàm expiatam necis animam apud dominicanum sacerdotem cœlesti pane firmaverit. « Jaurigny n’osa entreprendre cette action sans avoir fortifié, par le pain céleste, son âme purgée par la confession aux pieds d’un dominicain. »

On voit, dans l’interrogatoire de Ravaillac, que ce malheureux, sortant des Feuillans, et voulant entrer chez les Jésuites, s’était adressé au jésuite d’Aubigni ; qu’après lui avoir parlé de plusieurs apparitions qu’il avait eues, il montra à ce jésuite un couteau, sur la lame duquel un cœur et une croix étaient gravés, et qu’il dit ces propres mots au jésuite : « Ce cœur indique que le cœur du roi doit être porté à faire la guerre aux huguenots. »

Peut-être si d’Aubigni avait eu assez de zèle et de prudence pour faire instruire le roi de ces paroles, peut-être s’il avait dépeint