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Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/363

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frein des crimes, est souvent devenue, dans des temps de séduction et de trouble, un encouragement au crime même ; et c’est probablement pour toutes ces raisons que tant de sociétés chrétiennes ont aboli une pratique sainte, qui leur a paru aussi dangereuse qu’utile.

§ XVIII.

De la fausse monnaie.

Le crime de faire de la fausse monnaie est regardé comme haute trahison au second chef, et avec justice ; c’est trahir l’état que voler tous les particuliers de l’état. On demande si un négociant qui fait venir des lingots d’Amérique, et qui les convertit chez lui en bonne monnaie, est coupable de haute trahison, et s’il mérite la mort ? Dans presque tous les royaumes on le condamne au dernier supplice ; il n’a pourtant volé personne : au contraire, il a fait le bien de l’état en lui procurant une plus grande circulation d’espèces. Mais il s’est arrogé le droit du souverain ; il le vole, en s’attribuant le petit bénéfice que le roi fait sur les monnaies. Il a