Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/104

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du danger où il est ; ensuite, je l’abandonnerai à son funeste destin. Bababalouk, poursuivit-elle, mettez-vous à la tête de vos eunuques : écartons la foule ; ramenons, s’il se peut, ce malheureux Prince dans son palais. Bababalouk et ses compagnons, pour la première fois, se félicitèrent de ce qu’on les avait mis hors d’état d’être pères. Ils obéirent au visir, et celui-ci, les secondant de son mieux, vint enfin à bout de sa généreuse entreprise. Alors, il se retira pour pleurer à son aise.

Dès que le Calife fut rentré, Carathis fit fermer les portes du palais. Mais, voyant que l’émeute augmentait, et que de tous côtés on vomissait des imprécations, elle dit à son fils : Que vous ayez tort ou raison, n’importe ! il faut sauver votre vie. Retirons-nous dans vos appartements ; de là, nous passerons dans le souterrain qui n’est connu que de vous et de moi, et gagnerons la tour, où, avec le secours des muets qui n’en sont jamais sortis, nous tiendrons de reste. Bababalouk nous croira encore dans