Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/105

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le palais, et en défendra l’entrée pour son propre intérêt ; alors, sans nous embarrasser des conseils de ce pleureur de Morakanabad, nous verrons ce qu’il y aura de mieux à faire.

Vathek ne répondit pas un seul mot à tout ce que sa mère lui disait, et se laissa conduire comme elle voulut ; mais, tout en marchant, il répétait : Où es-tu, horrible Giaour ? N’as-tu pas encore croqué ces enfants ? Où sont tes sabres, ta clef d’or, les talismans ? Ces paroles firent deviner à Carathis une partie de la vérité. Quand son fils se fut un peu tranquillisé dans la tour, elle n’eut pas de peine à la tirer tout entière. Bien loin d’avoir des scrupules, elle était aussi méchante qu’une femme peut l’être, et ce n’est pas peu dire ; car ce sexe se pique de surpasser en tout celui qui lui dispute la supériorité. Le récit du Calife ne causa donc à Carathis ni surprise ni horreur ; elle fut seulement frappée des promesses du Giaour, et dit à son fils : Il faut avouer que ce Giaour est un peu