Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans sa tour, ils ne songèrent plus qu’à le sauver. Morakanabad sortit de sa retraite en essuyant ses larmes ; il criait au feu comme les autres. Bababalouk, dont le nez était plus accoutumé aux odeurs magiques, se doutait que Carathis travaillait à ses opérations, et conseillait à tous de rester tranquilles. On le traita de vieux poltron et d’insigne traître, on fit avancer les chameaux et les dromadaires chargés d’eau : mais comment entrer dans la tour ?

Pendant qu’on s’obstinait à en forcer les portes, un vent furieux s’éleva du nord-est, et répandit au loin la flamme. D’abord, le peuple recula, ensuite il redoubla de zèle. Les odeurs infernales des cornes et des momies, se répandant de tous côtés, empestèrent l’air, et plusieurs personnes, presque suffoquées, tombèrent à la renverse. Ceux qui étaient restés debout disaient à leurs voisins : éloignez-vous, vous empoisonnez. Morakanabad, plus malade que les autres, faisait pitié : partout on se bouchait le nez : mais rien n’arrêta ceux qui enfon-